La Terre et le Cosmos, dans la prolongation de Gravity, est un travail minutieux dont chaque entaille, chaque éclat de bois, chaque goutte d’encre donne corps à l’idée de l’artiste, celle qui, née de l’inspiration de la nature, y retourne sous sa forme artistique, modelée et vécue par son humanité.

Les œuvres de cette série respirent la nature. On y retrouve son relief, un champ de marguerites, des épis de blé couchés par le vent, dont le bruissement est pareil au murmure des brins du pinceau imbibés d’encre de Chine qui caressent le bois. Le mouvement semble capturé sans s’être figé, plutôt saisi dans un élancement infini, trop rapide pour être vu, assez lent pour être ressenti. La puissance de la gravité étire le bois au-delà du cadre, invitant ainsi à ressentir cette force qui régit nos déplacements, le mouvement des planètes et nos pensées, qui gravitent…

Sur le bois, l’artiste ouvre une brèche dans le mouvement cosmique qu’elle a matérialisé. On pense apercevoir, sur ce fond noir profond, le centre incandescent de la Terre, source brûlante d’énergie qui semble diffuser l’espoir autour duquel se mettent à graviter nos pensées. Il incite à réagir, à l’urgence d’agir. Cette brèche, c’est l’action humaine, qui coupe l’élan massif dans lequel est pris notre société contemporaine, de surproduction et surconsommation. Ces centaines de lames de bois collées les unes contre les autres, mues par une même force, forment une seule masse qui évolue dans une unique direction. Cette masse, c’est l’humanité qui, sur sa lancée, a besoin de prendre conscience de sa trajectoire trop droite. La brèche lumineuse est comme l’horizon au lever du soleil. Elle incite l’individu à se concentrer pour mieux voir, comprendre, à regarder autour de lui et à agir.

L’artiste pose une question à travers ses séries Gravity et La Terre et le Cosmos : et si la force de gravité était la solution pour sauver notre monde du désastre social et climatique ? Dans l’espace, nous flottons. C’est la force de gravité qui nous donne une direction. Quand nous tombons, c’est à cause de la gravité, mais c’est également grâce à elle que nous nous relevons.                  
                                                                                                                        

                                                                                                                                                                              Marie Moreau